L’association FFREEE a été créée en juillet 1999 à l’initiative de Maria-Amparo Sanchez-Monroy qui en assura la présidence jusqu’au 8 décembre 2001.
Déclaration en sous-préfecture de CERET (Pyrénées Orientales) le 21 juillet 2001 sous le n°1/02850
Miguel MARTINEZ lui succéda jusqu'à l’assemblée générale extraordinaire du 25 novembre 2002 : celui-ci ne se représentant pas.
Serge BARBA fut élu président par le nouveau bureau constitué ce même jour. Il quitta la présidence de l'association le 15 novembre 2009.
Depuis cette date et jusqu’à ce jour, c'est Mme Rosario Godet qui occupe la présidence de l'association.
Héritiers du combat de nos parents nous entendons non seulement leur rendre hommage mais aussi perpétuer les valeurs qu’ils ont défendues. Située sur les terres françaises et tournée vers un travail de mémoire centré plus particulièrement sur l’exil républicain espagnol, l’association FFREEE ne pouvait que s’associer à l’effort de récupération et de conservation de la mémoire couvrant la période de la guerre d’Espagne et le combat antifranquiste.
Les circonstances de la guerre d’Espagne ont fait que nos parents se sont retrouvés en exil, qu’ils y sont restés et que leur vie s’est déroulée, pour la plupart, en France.
Leur histoire est assez bien connue mais il n’est peut-être pas inutile d’en rappeler les grandes lignes.
Près de 500000 réfugiés sont passés par la frontière, de Cerbère à Bourg-Madame, entre le 28 janvier et le 15 février 1939. Les premières familles ont été envoyées dans les départements du centre de la France et ensuite les hommes dans les camps de concentration d’Argelès, St Cyprien, Le Barcarès, Rivesaltes.
Pour en sortir ils avaient le choix entre le retour chez Franco, l’engagement dans la Légion Etrangère, les Compagnies de Travailleurs Etrangers (CTE) ou encore les Régiments de Marche de Volontaires Etrangers (RMVE). Nombre d’entre eux se retrouveront ensuite dans la Résistance française ou au front aux côtés de l’Armée Française pour combattre l’occupant nazi.
Vies d’exil en France
Au sortir de la guerre, malgré les difficultés dues à la recomposition des familles et à la précarité des conditions de vie, l’espoir de retourner en Espagne va galvaniser toute leur énergie. La victoire du camp Allié sur le fascisme devait, selon toute logique, mettre un terme au franquisme. Ce fut un moment de grande activité pour recomposer de très nombreuses organisations toutes tournées vers l’Espagne et qui se manifestaient par une surprenante quantité de parutions (650 titres). En 1955, la reconnaissance de l’Espagne de Franco par les démocraties occidentales liée à l’émergence de la guerre froide va porter un coup fatal à la dynamique du retour de l’exil républicain espagnol.
Cette nouvelle donne va provoquer une baisse très sensible des effectifs dans les différentes organisations. A la fin des années 50 alors que la force antifranquiste de l’exil s’affaiblit, en Espagne, au contraire, elle se reconstruit. Désormais elle ne cessera de se développer et de porter, par conséquent, les espoirs de changement.
Le temps passe et progressivement les débats se déconnectent du réel. Sans y prendre garde les réfugiés s’installent dans l’exil. La plupart d’entre eux choisissent de faire adopter à leurs enfants la nationalité française. L’Ecole de la République, elle, en fera des citoyens français.
Ces réfugiés républicains qui ont fait si peur en 1939, non seulement auront fait de leurs enfants des modèles d’intégration mais eux-mêmes arriveront par leur travail à une situation digne et par leur droiture à inspirer autour d’eux le plus grand respect. Ils n’en demeureront pas moins des déracinés.
Mais qu’ils aient continué à militer ou non, beaucoup ont eu à cœur de sauvegarder l’héritage historique et culturel de l’Espagne républicaine. Les générations nouvelles devaient être les légataires universels de ce bien précieux fait de la richesse de leur vie républicaine, de leur combat, de leurs convictions, de leurs larmes. Ce legs, véritable chef d’œuvre en péril, était d’autant plus vulnérable qu’il avait été mis à mal par la défaite d’abord, l’exil ensuite et menacé aujourd’hui par le silence, l’oubli ou le temps.
Il n’est donc pas étonnant que les fils et filles de républicains en exil n’aient pas reçu tous le même héritage.
« Pour les descendants de réfugiés, l’Espagne est soit une origine occultée, soit une référence mythique, soit une racine redécouverte au hasard de l’évolution personnelle ».
On ne peut mieux que l’historienne, Geneviève Dreyfus Armand, dire comment les fils de républicains ont reçu l’héritage de leurs parents et donner un éclairage sur la diversité des motivations de tous ceux qui rejoignent notre association..
Un besoin de mémoire FFREEE
Il faut bien le dire, la plupart viennent à FFREEE parce que non seulement l’Espagne mais aussi les parents sont une référence mythique. C’est un hommage des enfants à leur courage, à leur engagement, à leur combat, aux valeurs qu’ils ont défendues.
D’autres, par contre, arrivent à FFREEE après avoir percé un silence ou un « oubli » familial, découvert une racine insoupçonnée. Alors ils ont tout à découvrir. Dès lors, ils n’auront de cesse de retrouver les pièces manquantes d’une histoire familiale qui prend tout à coup un sens nouveau.
Tout cet héritage amène FFREEE à s’intéresser à la petite histoire de tous nos parents qui ont emprunté les mêmes chemins de l’exil, ont connu les mêmes camps de concentration, ont travaillé dans les mêmes champs ou chantiers, erré par les mêmes lieux. Mais cette modeste histoire commune à tous les réfugiés est riche de la différence du parcours de chacun d’eux.
C’est pourquoi notre but est la récupération et la conservation de la mémoire de la Retirada.
Pour cela
• nous recueillons des témoignages
• nous apportons notre aide aux chercheurs, étudiants ou particuliers
• nous répertorions tous les lieux de mémoire
• nous explorons les sources d’information des différents points de passage des républicains espagnols aux frontières des P.O et ailleurs
• nous présentons notre exposition sur la Retirada aux écoles, bibliothèques, manifestations diverses
• nous organisons des conférences
• nous accueillons des scolaires, des étudiants ou groupes
• nous nous associons et appuyons les projets d’associations amies
• nous organisons les journées de février : hommage aux Républicains par une marche symbole de la Retirada, manifestations culturelles (exposition, conférence, concert…)
Ce que ne dit pas la simple énumération de nos actions ce sont les liens associatifs qu’elles créent, la reconnaissance du fait républicain espagnol qu’elles entraînent non seulement dans l’opinion mais aussi chez les élus de la République française dont beaucoup d’entre eux – faut-il le rappeler ? – sont des enfants de la Retirada.
Cette reconnaissance ne peut être acquise que par des associations comme la nôtre qui regroupe tous les descendants de réfugiés de quelque sensibilité qu’ils soient. Ils se retrouvent sous les couleurs tricolores de l’Espagne républicaine comme symbole d’appartenance à un camp dans le respect de ses différentes composantes.
C’est parce que FFREEE adopte cette attitude qu’elle peut tenir un rôle d’interlocuteur auprès des autorités administratives ou élues. Ce n’est pas la moindre de nos satisfactions que de d’avoir, après des années de mépris ou d’ignorance, récupéré la place que mérite les républicains espagnols. Le mérite en revient surtout à nos parents qui nous ont transmis un flambeau bien plus facile à tenir aujourd’hui qu’hier.
Argelès/Mer, le 2 juin 2005
Serge BARBA